Extrait de l’étude Ménopause et Maladies Systémiques

Le Lupus Erythémateux Systémique (LES) est une maladie inflammatoire à forte prépondérance féminine. En période d’activité génitale une femme est 9 à 13 fois plus exposée que l’homme à la survenue du Lupus.

Toutefois les hormones sexuelles ont un rôle certain dans la survenue et/ou l’aggravation de la maladie comme en témoignent notamment le risque de poussées induit par les pillules oestroprogestatives, la grossesse et le post-partum.

Malgré l’amélioration significative du pronostic du LES traité (90-95% de survie à 10 ans), peu d’études ont été consacrées à la ménopause. L’activité du LES semble diminuer avec l’âge, la maladie n’étant responsable que de 21 à 33% des décès après 5 ans d’évolution, dominés alors par les accidents cardiovasculaires et les cancers, mais l’influence propre de la ménopause sur l’activité du LES est mal connue.

Une étude a été faite sur deux groupes de 34 et 17 lupiques ménopausées dont le LES avait commencé respectivement avant et après la ménopause. Le taux et l’intensité des rechutes ont diminué significativement après la ménopause chez les femmes dont le LES était apparu tôt, par contre ils étaient similaires chez les femmes dont le LES était apparu après la ménopause. 

Le LES peut en effet survenir dans 6 à 20% des cas après la ménopause. Le retard diagnostique est alors fréquent, avec une médiane de l’ordre de 10 mois. Les sérites, les atteintes pulmonaires et articulaires, le facteur rhumatoïde, l’anticorps anti-SSb y sont plus fréquents alors que les adénopathies, le Syndrome de Raynaud, l’atteinte neuropsychiatrique, l’alopécie, le rash malaire, l’hypocomplémentémie, les anticorps anti-ADN sont plus rares. Le pronostic est globalement bon, eu égard à la rareté des atteintes viscérales graves.

Sachez que la ménopause peut également survenir prématurément dans le LES.

GOUGEROT-SJÖGREN (GS) ET MENOPAUSE

Les hormones sexuelles pourraient avoir un rôle dans la pathogénie, l’évolutivité et le traitement du GS. Les estrogènes favoriseraient expérimentalement l’infiltration lymphocytaire des glandes salivaires. Les estrogènes pris isolement auraient également un effet délétère sur le film lacrymal et pourrait favoriser la survenue d’une sécheresse oculaire. Ces effets négatifs sont à tempérer par l’amélioration des lésions T dépendantes (vascularite rénale, inflammation périarticulaire et la sialadénite focale) par les estrogènes. Malgrè ces données théoriques contradictoires et probablement compte-tenu de l’intrication GS-LES, il n’y a pas de données cliniques publiées sur les Traitements Hormonaux Substitutifs (THS)

POLYARTHRITE RHUMATOÏDE ET MENOPAUSE

Les patients atteints de Polyarthrite Rhumatoïde (PR) ont un risque fractuaire accru, en partie lié à une diminution de la masse osseuse favorisée par la baisse d’activité physique, la durée et l’évolutivité de la maladie, la corticothérapie, la secrétion de cytokines…. Dans une étude portant sur le métabolisme osseux des femmes ménopausées atteintes de PR a été montrée une réduction de l’anabolisme osseux sans résorption osseuse accrue chez les patientes sans corticoïdes. Les corticoïdes augmentent, même à petites doses, la résorption osseuse sans augmenter l’ostéocalcine. Au cours de la PR, on peut estimer que la densité minérale osseuse n’est pas diminuée de façon significative au niveau du rachis lombaire, mais est diminuée au niveau du col fémoral de 4,2 chez des femmes de 50 à 59 ans et de 5% de 60 à 70 ans.

La mise sous THS améliore la balance construction-résorption en diminuant la résorption osseuse sans toutefois modifier les marqueurs d’anabolisme osseux à l’inverse des femmes indemnes de PR. Si théoriquement les estrogènes devaient améliorer la PR (amélioration de la PR lors de la grossesse, sous pilule OP, après la ménopause), les données cliniques semblent moins convaincantes.

Suite à une étude établie par Hall GM, on ne retrouve aucune aggravation de la maladie, mais aussi aucune différence significative des index d’évaluation (VS, échelle visuelle analogique de la douleur et index de Ritchie) chez les femmes traitées, toutefois du fait d’un faible taux d’oestradiol sous traitement, 41,6% des patientes étaient vraisemblablement « non compliantes). Ne retenant que les femmes compliantes, une amélioration significative est alors notée par rapport aux groupes placebo et non compliant.

Le THS apparaît donc comme une mesure adjuvante souhaitable au moment de la ménopause chez la femme atteinte de Polyarthrite Rhumatoïde.